Le soleil aurait déja été haut si de lourds nuages ne grondaient pas au-dessus de Poudlard tandis que de lourdes gouttes martelaient la terre. Et puisque c'était là que le Cirque s'était dernièrement installé, afin d'offrir le spectacle de ses talents aux étudiant du fameux collège de la ville, Kinyon pensa que c'était bien là un temps à ne pas mettre un chat dehors. Il ne quitta donc point la roulotte de Clélia, préferrant attendre le retour de celle-ci posé sur la table pour pouvoir observer le spectacle alentour. Les professeurs du collège ayant décidé de profiter de l'aubaine pour emmener leurs jeunes élèves du cours de Dragonologie Avancée faire un peu de cours pratique autour du bébé dragon du Cirque, Pearl et Eraendil étaient de sortie. Elles ne semblaient pas ravies de devoir s'affairer par un temps pareil, mais que voulez-vous, le collège payait, et bien... et ces derniers temps le Cirque Kundalini en avait bien besoin.
Oh nous avions bien connu notre heure de gloire : clowns, mimes, squelettes animés, hommes canons, lanceurs et voltigeurs de haches, ogres et cracheurs de feu s'étaient succédés, mais nous avaient tous quitté les uns après les autres pour diverses raisons. Il en va ainsi de la vie, l'incertitude du lendemain va un temps, lorsque la jeunesse quitte les corps et les coeurs, tous sont amenés à rechercher des situations plus stables que celle de saltimbanque. Même notre Barde, ce cher Dioddon, mon si cher Dioddon a perdu sa voix et est parti vers des lendemains qui chantent... Restent aujourd'hui Ombre, Clélia, Zabuza, Eraendil, Pearl et moi, petite boule de poil qui n'a plus une souris à se mettre sous la dent depuis fort longtemps maintenant.
Ombre ne sort presque plus de sa roulotte, à longueur de journée, il tourne son haut de forme dans tous les sens et mâchonne sa baguette à la recherche de la solution magique qui permettra au Cirque de rejaillir de ses cendres. C'est, hélas, la seule formule qu'il ne connaisse pas encore... Lui qui passait son temps à parcourir joyeusement les Terres Argentées en guichant à la recherche d'une jouvencelle quelconque qu'elle fût pucelle ou mariée. Bourreau des coeurs il n'est plus aujourd'hui, que l'ombre de lui-même, tel un lézard pataud cuisant sur son caillou, sauf que par ce temps, ça ne chauffe pas des masses un lezard...
Clélia, courageuse, cache sa fatigue... elle qui parcourt les Terres Argentées d'ambassade en salles des spectacles pour porter la bonne parole du cirque, trouve encore la force de nous sortir, Zabuza et moi même, de notre léthargie afin que nous soyons prêts pour notre numéro... drôles de spectacle que cet equilibriste et cet acrobate, tous courbaturés de leur sommeil, s'étirant péniblement avant d'entrer en piste sous les injonctions de la petite centauresse (enfin pas si petite, mais ni si grande... allez pas nous la vexer quand même).
Les deux cadettes n'ont, elles que d'autre choix que de s'activer, leurs bestioles demandent forces attentions, notamment ce bébé dragon qui vient d'essayer de gloutonner un collegien hardi... heureusement les reflexes de nos dresseuses ont permi d'éviter le pire et l'insouciant est gentillemnt réprimandé sous l'hilarité de ses condisciples. La pluie s'est arrêtée... je décide d'aller admirer le spectacle de plus près. En quelques bonds me voila perché sur la barrière qui sépare le dragonneau des griffons, lesquels observent également la scène avec attention.
Face à moi, désormais, le chapiteau... la toile est usée par le temps, usée par les voyages, mais on en devine encore les dorures et le pourpre de son feutre. Combien de fois avons-nous démonté et remonté ce chapiteau... mon compte se perd avant même d'avoir commencé... Je me souviens la première fois, certes ("où est ce qu'on met ça?", "euh dites il était important ce noeud? - lequel - euh celui que je viens de défaire par exemple?", "euh, dites, y'avait combien de clous dans cette boîte déja?"), mais le reste, je ne saurait dire quel jour Gunthar attrapa d'une hache malabile le haut de forme d'Ombre, ni quand Bobwasa mima si merveilleusement son effort que nous crûmes que, pour une fois, il travaillait réellement, ni même quand Gigabrak demanda où il devait ranger les deux roulottes qu'il transportait sous les bras... était-ce hier? avant hier? il y a un mois? un an? je ne le sais pas... Quand on aime on ne compte pas, alors je n'ai jamais commencé à le faire.
Heureusement nous avons parfois de la visite, Eraendil nous a présenté sa marraine, Arwana qui a envahit notre campement avec tous ses amis pour notre plus grand plaisir. Entre disputes et réconciliations, nous voyons de temps en temps pointer le nez de Schtrow, bien entendu celle qui fut notre dresseuse de souris pretexe toujours avoir oublié ses petites protégées sous bonne garde de son fils (oui elle est maman maintenant elle a grossi comme ça tout d'un coup et *PoP*)... J'attends avec impatience de voir si l'union récente de Roxane la Rose et Olympius le Bleu aura le même effet... tiens bleu et rose, quelle couleur cela peut-il bien donner? il faudra que je demande à Ombre quand il sortira de sa roulotte, il est fort en couleurs lui...
Je me languis aussi de revoir XIII, notre bienfaiteur, notre protecteur, mais surtout notre ami... Il est aujourd'hui embarqué dans une drôle d'affaire, enrôlé avec les plus grands pour debroussailler les terres vierges de Sato... une saleté de contrée à ce que j'ai entendu par ci et par là... moi qui n'ose pas poser un coussinet sur Dusso... Ses histoires et ses conseils sont toujours écoutés avec joie et intérêt, peut être saura-t-il trouver les mots que nous avons perdus, ceux qui...
Tiens, dans la buvette il y a un tonneau, un tonneau qui ne répond plus quand on lui parle...