Une soirée avec XIII

J'ai enfin pû revenir à votre tente mes amis !

caresse le chat au passage

hrp:c'est pas qu'il se fait tôt, mais je vais allé pieuter un peu ...

Salutation mon bon seigneur, je ne vous connais pas personnellement mais votre réputation vous précéde

*en s'inclinant humblement*

bon retour parmis nous, laisser vos affaires nous nous en occupons, aller vous reposer

j'espere que vos histoires nous emerveilleront encore
notre barde pourra les mettre en musique, nous en ferons un spectacle
maitre nain, reposez vous, la route n'est pas encore finie, et vous etes ici en terres amies ^^

Voyez, seigneur comment vous etes aime au sein du cirque.

Tenez, prenez ce parchemin signé de toutes la troupe : il vous donne droit, a vous et aux votres, à une place en loge gratuite a vie !
prenez vos aises et n'hesitez pas a venir avec votre famille.

La nuit avançait sur les Terres Argentées, et le ciel dégagé de Baduk laissait entrevoir une lune rousse accroché au milieu d'un champ d'étoiles. Elles luisaient dans le champ magique, comme autant de bouées jetées dans l'océan sidéral.

Un peu plus tôt, la troupe du Cirque Kundalini avait accueilli XIII comme un roi. Le nain, un peu gêné par tant d'attentions pour lui, s'était laissé conduire. Ils s'étaient formidablement occupé de lui, veillant à ce qu'il ne manque de rien. La tête lui tournait : ils n'étaient pas bien fortunés (ne voyait il pas les tissus troués et les peintures écaillées des roulottes, malgré les efforts pour les cacher?). Mais ils offraient de bon coeur. Sincères et volubiles, tout en restant respectueux. Une douce chaleur humaine l'entourait et il se sentait bien en leur compagnie.

Remerciant finalement tout le monde avec bonne humeur et force empoignades, il invoqua la fatigue du voyage pour se retirer et se reposer.

Le lendemain matin, le vent soufflait et les nuages noirs d'une tempête couvraient les environs. Même les plus avisés et les plus sages paysans du cru ne l'auraient pas vu venir... Une lettre, cloué au bois de la porte des loges par une dague naine, accueillit les artistes. Elle battait tristement, comme un oiseau blessé cherchant à s'envoler.

Le papier, frappé du sceau de la Cité d'Ankh Morpork, est parsemé de taches brûnatres. L'écriture est vacillante, et l'auteur semble s'y être prit à plusieurs fois pour la rédiger, tellement les traces d'encre sont irrégulières.

Citation :

Chers amis,

Je ne voulais pas vous inquiéter inutilement, tant vous sembliez heureux de me voir.

Cependant ma santé décline. Est ce la vieillesse qui pose enfin le fardeau des ans sur mes épaules?

Le peu de fierté qu'il me reste refuse que vous me voyiez dans l'état lamentable de délabrement où je me trouve. Aussi je préfère repartir plus vite que prévu.

Je m'excuse de cette fuite, et du désaroi dans lequel elle peut vous mettre et vous souhaite tous mes voeux sur ces maudites terres.

Votre Obligé,
XIII

Une chouette blanche observe silencieusement la troupe inquiète, perchée sur la branche d'une arbre.

[hrp]
La "suite" se trouve là bas : Virage dangereux . Un peu de vague à l'âme IRL et voilà où ça me conduit. Misère ^^
[/hrp]

pas même le temps de lui présenter les nouveaux numéros
il est déjà parti, solitaire et triste.
notre devoir, maintenant,est de travailler nos numéros, afin de lui montrer nos progrès, lors de sa prochaine visite!!
Maître nain, soyez fier de votre cirque. Partout, vous pourrez crier que vous êtes l'un des plus cher amis du cirque Kundalini!!
Nous chanterons vos louanges, et les Terres Argentées, d'est en ouest, du nord au sud, sauront à quel point vous êtes un homme juste, généreux et noble.
Merci, maître nain

je me suis peut etre laissée un peu emportée ^^

Ombre fut le premier réveillé. Sensible au changement de temps, les sifflements de ce vent mauvais, brusquement levé dans la partie la plus froide de la nuit, dans ces instants qui précèdent l'aube, l'avaient tiré du sommeil, un gout cendreux et acre dans la bouche.

Il resta quelques instants immobile sur son lit à écouter le vent. Les braises du poele étaient sur le point de s'éteindre. La veille, la troupe, joyeuse, avait fété et acclamé l'arrivée tant attendu de XIII, le sauveur du cirque. En ce moment, tous les artistes devaient dormir du sommeil du juste.

Sachant qu'il ne se rendormirait pas, Ombre se leva avec un soupir. Après un regard désabusé sur sa couche maintenant froide et vide, il s'habilla en se disant que, de toutes façons, il n'avait personne à réchauffer. Une fois enveloppé de sa cape, il sortit de la roulotte.

Les étoiles palissaient. Une vague lueur, à l'est, indiquait la prochaine aube. Le vent soufflait, sournois, à ras du sol, remontant brusquement à chaque obstacle rencontré pour s'engouffrer sous les vétements, se riant de ces pitoyables protections humaines.

Le cirque était silencieux, mis a part quleques grondements en provenance des griffons de Pearl.
Ombre décida de commencer son tour de piste, sombre et solitaire par les deux fauves.
Les griffons s'agitaient, sans doute génés par la poussière soulevé par le vent. Leurs yeux d'obsidienne luisaient tandis qu'ils gonflaient les plumes de leurs ailes. Cependant, ils restaient couchés, signe que rien ne menaçait le campement. Alors pourquoi cette oppressante sensation ?
Pearl, la jeune Pearl, dormait, recroquevillée entre les puissantes pattes de la femelle griffon. Au moins avait-elle ici chaleur et protection.

Avec un hochement de tete, Ombre poursuivit sa ronde. La roulotte de Clelia était vide, la belle centauresse étant en visite chez sa nymphe de mère. Kinyon devait probablement l'occuper, attendant le retour de celle qui l'avait autrefois secouru.

On reconnaissait la roulotte de la sirène au léger clapotis que devait faire Lolabelle dans son bassin. Elle n'avait pas participé à la fête, la veille au soir. Depuis quelque temps deja, Ombre le réalisa, elle ne participait plus guère a la vie de la troupe, se contentant d'exécuter son numéro avant de retourner s'enfermer dans sa roulotte aménagée... peut être fleuves et rivières lui manquaient-ils....

Ombre passa la tête a travers l'entrée du chapiteau. Au milieu de la piste, Dioddon, Sekhmet, Zabuza, Priest et Bobwasa dormaient affalés là ou le sommeil, ou plus probablement l'ivresse les avaient rattrapés. Demain, on pouvait s'attendre à un florilège de maux de tête, gémissements et teints verdatres....
La roulotte qu'occupaient Lisa l'acrobate et Selediwar l'hercule resonnait d'un concert de ronflements. "Ils deviennent grands, songea Ombre, il leur faudrait maintenant chacun une roulotte...."

Le tour du campement s'achevait. La roulotte multicolore de Mea était vide, celui-ci étant parti en ville ramener une nouvelle artiste, une fière guerrière de nom d'Angami.

Ombre s'approcha de l'avant dernière roulotte, celle de Schtrow. Evidemment, comme à son habitude, celle-ci avait laissé la porte ouverte.
Ombre entra. Schtrow dormait, un sourire aux levres, revant probablement à d'epiques batailles ou à de fabuleuses transactions. Avec un sourire triste, Ombre remonta les couvertures sur les épaules dénudées de Schtrow avant de s'éclipser sans bruit, en prennat bien soin de refermer la porte.

Tout avait l'air normal. Ne restait que la roulotte de matériel, transformée pour l'occasion en roulotte d'invité. La roulotte du mécène nain. La roulotte de XIII.

Ombre allait s'en approcher quand la porte de la roulotte s'ouvrit, arretant son geste. XIII en sortit. Ombre allait l'apostropher d'un amical et joyeux bonjour quand les premiers rayons de l'aube, percant difficilement les noirs nuages de la tempete à venir, éclairerent fugacement la silhouette de XIII, réduisant Ombre au silence.

Que s'était-il passé ? Qu'était-il arrivé au nain ? Bien sur, hier, ses yeux étaient cernés, son teint pale, ses mots parfois hésitants. Mais tout le monde avait mis ça sur le compte de la fatigue du voyage.
Mais maintenant ! Il paraissait avoir rétréci.... courbé, grisâtre, il sortit avec peine, agrippant dans ses faibles mains un minuscule balluchon.

Ombre allait se précipiter pour l'aider, tenter de lui prodiguer quelques soins lorsqu'une brusque bourrasque modifia la configuration des nuages et éclaira brusquement le nain. Ombre vit alors son regard.

Oui, Ombre connaissait ce genre de regard. Il l'avait deja vu, trop souvent, le plus souvent dans un miroir, en se contemplant. Ce regard hanté, ces yeux comme des puits sans fond. Non, ce n'etait ni de maladie, ni meme de vieillesse que souffrait XIII. Mais de bien pire. Et Ombre ne pouvait rien pour lui.

D'une demarche vaccillante, le nain d'Ankh Morpokh s'approcha des loges et cloua sur la porte un poignard ou était accroché une lettre. Ombre n'avait pas besoin de s'avancer pour connaitre son contenu.

Immobile, il regarda s'évaporer la silhouette de leur mécène. le reverraient-ils ? Lorsque le nain eut completement disparu au détour du sentir, Ombre s'inclina, une main sur le coeur.

"Au revoir Maitre Nain. Puissez vous guérir du mal qui vous ronge. Puisse le cirque Kundalini resonner encore de votre rire rocailleux. Puisse votre famille ne point trop souffrir.... "

Ombre ne se sentait pas le courage d'annoncer le départ de leur mécène aux membres de la troupe. Ils le découvriraient bien assez tot. Il s'enferma dans sa roulotte et n'en ressortit pas de la journée.

Clelia avait passé presque une lune loin de la troupe pour rendre visite à sa mère, la nymphe Desmena.
Elle était repartie il y a quelques jours, gambadant à travers forêts, steppes et déserts.

Elle ne s’était pas pressée, car le temps était beau mais voilà que ce matin le ciel était devenu gris acier et qu’une pluie fine et froide s’était mise à tomber.
Elle était encore à une journée de trot tranquille de l’endroit où elle pensait rejoindre ses compagnons, ses racines centaures et nymphe lui donnaient un sens de l’orientation à toute épreuve et elle avait donc toute confiance en la direction qu’elle empruntait.

Et pourtant… Quoi donc ? Une intuition ? Un souffle de vent ? Ses pas bifurquèrent légèrement.

La pluie continuait. On ne pouvait pas dire qu’elle s’insinuait dans ses vêtements, car comme à son habitude, Clelia n’était pas bien couverte. Elle ne pouvait se faire à porter cuirasses ou vêtements épais, et ses tenues légères de nymphe lui convenait parfaitement.
N’empêche, cette petite pluie énervante imbibait sa robe bai et coulait sur la peau nue de ses bras, et commençait à la transir de froid.
Les arbres se clairsemaient et on voyait enfin la plaine encore enneigée.

Repoussant une mèche dégoulinante, Clelia se redressa et s’ébroua dans un mouvement assez peu gracieux, mais personne aux alentours n’en fut témoin.
Elle enjamba une souche et s’apprêtait à quitter le couvert de la forêt humide quand la souche émit un gémissement.
Clelia fit volte face et observa la forme sur le sol. Un peu de neige formait une fine pellicule sur la chevelure d’argent d’une silhouette trapue recroquevillée à ses pieds.

Elle se pencha naturellement sur le corps et le retourna.

Elle le reconnut alors et ses yeux s’écarquillèrent.
Comment ? Le fier maître nain d'Ankh Morpork était écroulé ici ? Que s’était-il donc passé ? Ses cheveux étaient d’un brun riche et chaud il y a encore trois lunes, ce corps frêle et ce visage émacié n’avaient que bien peu en commun avec l’air jovial et la stature massive et puissante qu’elle connaissait. Mais aucun doute, on reconnaissait ses traits, et ces armoiries, cette armure finement ouvragées étaient les siennes.
Du sang avait coulé de ses oreilles et avait séché sur ses joues et dans ses cheveux.
Clelia s’agenouilla et sortit de son havresac une gourde contenant du nectar d’ambroisie. Elle tenta, soutenant la tête dodelinante, d’en verser entre les lèvres bleuies, et quelques gouttes parvinrent à couler dans la gorge enflammée, mais le reste se perdit dans la barbe du nain, qui toussa et dont les yeux papillonnèrent, s’arrêtèrent un instant sur le visage de Clelia avant de se refermer.
Il marmonna. Un nom… Amandine ? Clelia connaissait ce nom mais elle ne se souvenait pas de qui il s’agissait.
Clelia palpa le corps brûlant de fièvre. Pas de blessures, pas d’os brisé… Mais elle savait que les remèdes de la pharmacopée dont elle disposait ne seraient d’aucun secours tant qu’il serait étendu ici dans le froid.
Elle sortit alors une couverture qu’elle gardait pour la nuit et l’enveloppa délicatement, avec tous les soins et la délicatesse dont la fille d’une nymphe pouvait faire preuve, et entreprit, à force de contorsions, de le hisser sur son dos.
Personne n’était jamais monté sur son dos – mis à part le chat Kinyon, mais cela ne comptait pas, et Clelia avait beaucoup d’affection pour le petit félin – car Clelia refusait d’être prise pour une bête de somme, mais en l’occurrence, la vie de XIII était en jeu. Elle parvint à le faire tenir en travers de son garrot et, assurant sa charge, elle s’orienta en humant le vent.
Une auberge existait à une poignée de lieues. Il lui faudrait la rallier au plus vite, mais sans malmener son passager.
Fort heureusement, la pluie perdait de sa densité.

Le chemin fut difficile. La charge n’était pas négligeable et Clelia n’était pas habituée à faire attention aux accidents de terrain pour ne pas être trop secouée.
En fin de matinée, la pluie cessa complètement et un pâle soleil perça les nuages. Clelia grignota un petit pain aux fruits confectionné par sa mère.
L’auberge n’était plus très loin, et elle espérait que les centaures y étaient admis, sinon il lui faudrait en trouver une autre, bien plus éloignée.
XIII respirait toujours, mais il tremblait et gémissait par intermittence.

Enfin l’auberge fut en vue, entourée de quelques chaumières. Clelia poussa un soupir de soulagement. Encore trois foulées… et elle y était.
Elle poussa la porte et entra dans une auberge fort modeste. Peu de clients… Les regards glissèrent sur ses jambes et la courbe de son dos avant de s’arrêter sur la partie supérieure de son anatomie. Clelia y était habituée en n’en était pas gênée le moins du monde, d’autant plus qu’ici aucune hostilité n’était perceptible.
Pourvu qu’il y ait des chambres au rez-de-chaussée, se dit Clelia en avisant l’escalier étroit et branlant qui menait à l’étage.
L’aubergiste, un homme à tête de fouine, s’avança : – Que puis-je pour vous… heu… Mademoiselle ?
- J’ai besoin d’une chambre pour cet homme, dit Clelia en désignant du menton le tas informe que formait XIII emmitouflé dans la couverture.
L’aubergiste jeta un œil. – Je vois… Miranda !
Une petite femme courtaude surgit de l’arrière salle en essuyant ses mains sur un torchon.
- Oui ?
- Installe ces gens dans une des chambres de derrière. L’homme est blessé, tu donneras ce qu’il faut à Mademoiselle.
- Bien sûr, suivez-moi…
Et au grand soulagement de Clelia, Miranda n’emprunta pas l’escalier mais un couloir. Dans la petite chambre, elle alluma le feu dans l’étroite cheminée puis aida Clelia à se décharger et à allonger XIII sur le lit.
- Un nain ! s’exclama Miranda.
Clelia sursauta. – Ca pose un problème ?
- Non ! Mon grand-père était un nain, je serais très heureuse de vous être utile.
Clelia se détendit. – Eh bien je pense qu’il a besoin de chaleur et de repos, mais peut-être qu’une soupe chaude ce soir lui fera du bien. Vous y ajouterez une pincée de ceci. Et elle lui tendit un sachet d’herbes.
Miranda acquiesça et disparut.
Sentant alors le poids de l’épuisement, Clelia s’allongea sous la fenêtre et s’endormit presque aussitôt, la tête appuyée contre le pied du lit.